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Zoom sur l’enquête intéractive « Génération quoi » – Chronique France Info du 28 février 2014

Zomm sur les résultats de l’enquête intéractive « Génération quoi », lancée par par France Télévision Nouvelles Ecritures sur la génération des 18-34 ans, présenté  dans « Histoires connectées »du jeudi 28 février 2014, la chronique de Claire Leproust, dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : A la fin de l année, on avait invité dans l’Hyper revue de presse, les jeunes à participer à cette grande enquête en ligne qui accompagnait la diffusion de 3 documentaires, et j’ai pensé que c’était une bonne idée de vous présenter quelques résultats.

Olivier Emond : Le premier succès c’est la participation des jeunes.

C.L : En effet, plus de 215 000 jeunes ont répondu à toutes les questions, sachant que ça prenait facilement 45 mn pour répondre et que ça donne une source formidable de recherche pour les 2 sociologues qui ont travaillé sur ce projet.

Première tendance lourde, malgré le traditionnel optimisme de la jeunesse, ils ne sont que 25% à penser que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents et 45% à imaginer qu’elle sera pire.

Les jeunes subissent la crise et sont des éponges face à un discours ambiant assez déprimé, ils parlent de galère, de génération sacrifiée. Ils adressent aussi un message très fort à la société, ils ont un véritable besoin de reconnaissance, de confiance et sont 70% à considérer que la société française ne leur donne pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables et de les récompenser au mérite.

O.E :  Ils révèlent une vraie défiance à l’égard des politiques et sont 90% à considérer que c’est la finance aujourd’hui qui dirige le monde.

C.L : Des politiques commentent leur réponse, ici avec Clémentine Autin et Rama Yade :

O.E : Sur les valeurs du vivre ensemble, et même s’il y a des points de vue divergents, on sent qu’ils sont beaucoup plus tolérants et solidaires…

C.L : Oui, ils se sentent plutôt bien en famille, ils assument vivre dans un monde plus international et sont même 21% à avoir envie de bouger hors de France (génération Erasmus).  ils sont enfin 77% à considérer que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas atteinte. Avec cet extrait pour sourire : 


 

Si vous voulez en savoir plus sur cette génération clé pour notre avenir, vous pouvez retrouvez tous les résultats de l’enquête avec la synthèse des sociologues et les réactions des politiques sur le blog « génération quoi » et sur Dailymotion.

Grozny Nine Cities, le webdoc qui nous plonge dans la société tchétchène – Chronique du 20 février 2014

Grozny Nine Cities, est un webdocumentaire qui nous plonge dans société tchétchène, diffusé sur le site de Polka Magazine et présenté  dans « Histoires connectées »du jeudi 20 février 2014, la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : Je propose de commencer par faire un petit rappel historique sur la Tchétchénie, ce pays dont on a si souvent entendu parler, avant de raconter le webdocumentaire.

C’est un pays détruit par deux guerres très récentes, la première en 1994, quand Boris Eltsine envoie 30 000 hommes pour refuser l’indépendance qu’avait proclamée le président tchétchène. La Russie ne pouvait alors pas stratégiquement laisser partir ce pays riche en pétrole. La résistance tchétchène est alors féroce et la Russie finit par bombarder la capitale Grozny, entrainant la mort de 80 à 100 000 personnes. Puis, de nouveau en 1999, cette fois-ci, c’est en réponse à des actes terroristes des indépendantistes tchétchènes contre les russes, que Grozny est de nouveau bombardée. 

C’est de ce pays que 3 jeunes photographes russes ont voulu s’intéresser de près à l’aube des jeux olympiques de Sotchi.

C’est une réalité très complexe que l’on trouve au travers de reportages vidéos et photos qui laissent voir une société d’après guerre en pleine mutation entre valeurs traditionnelles caucasiennes et musulmanes et l’envie de modernité.

Olivier Emond : Complexe mais c’est avant tout une réalité de vie très dure qui est montrée tout au long de ce webdocumentaire, à commencer par un chef de la république tchétchène régulièrement accusé d’exécutions sommaires et d’enlèvements.

C.L : Il s’appelle Ramzam Kadirov, il doit son pouvoir au Kremlin et sait que sa situation est fragile. C’est lui qui est également accusé d’avoir joué un rôle dans l’assassinat de deux femmes journalistes  Anna POLITKOVSKAYA en 2006 et Natalia ESTEMIROVA en 2009 qui dénonçaient régulièrement les dérives du pouvoir russe en Tchétchénie.

Kadirov s’autonomise aussi par exemple en voulant faire de son pays une république islamiste intégriste, il impose le port du voile aux femmes et l’interdiction de l’alcool.

O.E : Ce qui au passage n’est pas totalement dans la tradition russe… 

Oui ! et c’est plutôt contradictoire avec les coutumes tchétchènes, il semble que la motivation soit aussi politique que religieuse, celle de lutter contre le djihad islamiste salafiste qui progresse dans le pays.
 Il y a des séquences très dures d’archives de la dernière guerre. Des images de guerre, surtout là pour appuyer le fait que le travail de mémoire n’est pas fait, des fosses communes ont été oubliées, des actes sauvages impunis, mais malgré la douleur sourde au fond de soi, la vie continue…

O.E : Dernier point à souligner , celle de la condition de vie des femmes tchétchènes assez rétrogrades.

C.L : Malgré le rôle qu’elles ont joué quand leur mari étaient à la guerre, les femmes sont souvent reléguées à la cuisine, dans l’ombre, elle peuvent être répudiées voire tuées si elles font honte à leur famille et quand elles divorcent, les enfants restent à la garde de la belle famille. On comprend que c’est ce qui se passe en tous cas dans les familles traditionnelles ou religieuses.

Ce webdocumentaire « GROZNY NINE CITIES » été réalisé par trois photographes russes, dont l’une, Olga Kravets, a gagné un premier prix de la fondation MAGNUM. Cette œuvre interactive a été produite par Chewbahat Storytelling, et est diffusé sur le site de Polka Magazine. 

Daniel Caligula, jeune podcasteur – Chronique France Info du 13 février 2014

Dany Caligula est un jeune podcasteur sur Youtube, dont chaque vidéo est un mix de socio et de philo. Il est présenté dans « Histoires connectées » du jeudi 13 février 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

 Claire Leproust : Alors que la plupart des youtubers à succès sont clairement dans l’humour pour ados ( Norman, Cyprien, le grand Before de Canal+ ) ou encore que d’autres youtubeuses donnent des cours de maquillage, Dany Caligula, lui, fait des vidéos qui font réfléchir. Il aborde, face caméra et chez lui, des sujets de vie en société comme la scolarité, fait une critique des médias et télévision, parle d’athéisme et de religion, ou invite sa jeune audience à « être libre de penser par soi même » . Dans chaque vidéo, Dany parle à son audience en chemise et pull, une tenue presque classique et illustre ses propos de nombreuses images sur des faits historiques, des philosophes ou des sociologues. Mais si le fond est sérieux, le ton est sympa et ça marche. Ses vidéos font 50 000 vues en moyenne, ce qui est vraiment bien dans cet océan d’images.

Olivier Emond : Une de ses vidéos parle du Travail, il commence par expliquer que le travail n’a pas toujours été valorisé comme il l’est aujourd’hui. 

C.L : Dany poursuit en montrant qu’au contraire aujourd’hui, la première question que l’on pose à quelqu’un qu’on ne connaît pas , c’est « qu’est ce que tu fais dans la vie ? », comme si le travail définissait avant tout une personne. Il veut alors nous faire comprendre que nous sommes juste dépendants d’une société qui fixe les règles, en l’occurrence, celle de la croissance du PIB de notre pays qui passe par le travail et l’envie de plus consommer. Et, tout en citant au passage Hannah Arendt et sa critique de la Valeur Travail, il nous fait prendre conscience qu’effectivement on a du mal à percevoir une personne qui ne travaille pas comme une personne épanouie dans la vie. 

O.E: On a envie de savoir qui est ce jeune Dany Caligula d’à peine 21 ans…

C.L : Il habite à Toulouse où il étudie la philo et fait sa chronique sur Youtube depuis plus d’un an avec un coauteur qu’il a rencontré sur internet. D’ailleurs, hier soir, quand je l’ai contacté, il était avec Ovis Solo, son co-auteur, qu’il voyait physiquement pour la première fois. Lui a étudié le journalisme, il a 28 ans et habite à Lille. Les deux partagent la même envie, amener à faire réfléchir, à se poser la question centrale en philosophie du « pourquoi » et ce, d’autant plus qu’ils sont très critiques à l’égard des médias condamnés à faire du spectacle et à ne plus nuancer .

O.E: Pour garder leur indépendance, ils ont lancé un appel à dons ( crowdfunding ) sur le site Tippee qui permet de donner quelques euros par mois pour ceux qui aiment les regarder, ça marche ?

C.L : C’est le début, ils reçoivent 350 € par mois. Dany explique qu’il préfère encore d’un point de vue éthique que ce soit des gens qui aiment bien suivre ses vidéos qui le financent plutôt que la publicité, et on devine qu’il pense aussi « plutôt que la télé ».

C’est sur youtube, et Dany Caligula sortira son 12ème numéro sur un sujet d’actualité « sexisme et genre ».

Le service civique avec deux expériences intéractives : webdoc et serious game ! Chronique France Info du 6 février 2014

Le webdoc « Matignon, regards croisés » et le serious game « Municipaly » abordent tous les deux le service civique. Il sont présentés dans « Histoires connectées » du jeudi 6 février 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

Retrouvez la chronique radio à 3’20 ici !

La chronique écrite : 

Olivier Emond : On commence par Matignon, quand la maison du chef du gouvernement se met aussi à l’heure du webdoc, une preuve de reconnaisse au sommet de l’Etat pour ces nouvelles écritures documentaires.

Claire Leproust : Oui, c’est vrai. C’est d’ailleurs à deux photographes de l’agence VU que ce travail a été confié, ils ont alors passé de longues heures au cœur de Matignon. Le webdocumentaire prendra forme d’un grand format multimedia riches de photos et de textes, accessible sur un ordinateur et sur iPad. Sans vidéo ni son, l’intention est clairement didactique et patrimoniale : montrer le fonctionnement de cette machine à décider au plus haut sommet de l’Etat presqu’indépendamment de qui en est le premier ministre.

O.E : C’est la première fois que Matignon ouvre ainsi ses portes, pourquoi maintenant ?

C.L : Peut être pour contrer la mauvaise image qu’ont les politiques, montrer qu’ils travaillent ! Rappeler aussi l’un des fondamentaux de la 5ème République, c’est au premier ministre qu’il revient de coordonner et diriger l’action du gouvernement et ça se passe à Matignon. 

La première photo nous fait plonger dans la cour d’entrée où se prépare une déclaration de Jean Marc Ayrault en présence d’une centaine de journalistes. Pendant ce temps là, une autre photo nous invite dans la salle de conseil. Là le premier ministre entouré de conseillers et de ministres, débattent de la situation en Syrie. C’est un moment de concertation, le premier ministre doit entendre tous les points de vue pour prendre des décisions.

Les 2 photographes ont fixé tout le personnel qui travaille à Matignon, les conseillers qui travaillent notamment sur des projets de lois, le secrétariat général qui organise tout et supervise les aspects juridiques ou encore les agents de sécurité encore plus vigilents le jour de réception .

Beaucoup de monde passe à Matignon parce que c’est un lieu de concertation où sont invités régulièrement des associations, des entreprises, des citoyens. Dans les coulisses, une séquence de photo raconte le tri du courrier et les réponses qui sont faites aux 3 à 600 lettres reçues par jour (rien n’est dit sur les réponses aux  mails…)

C’est donc un webdocumentaire sur le fonctionnement de Matignon, qui innove par sa forme et est accessible par tous sur le site de Gouvernement.fr «Matignon regards croisés».

O.E : 2 ème sujet toujours très civique, « MUNICIPALY», c’est un jeu proposé par les Nouvelles Ecritures de France TV : un grand quiz pour mieux connaître les villes de France mais aussi pour parier sur les résultats des prochaines élections municipales.

C.L : Le jeu commence d’abord avec un QUIZ en ligne et pas moins de 800 questions sur des communes de France à partir des données statistiques de l’Insee et de chiffres officiels sur la sécurité, les loisirs, l’éducation ou encore la qualité de la vie dans ces cités. 

J’ai choisis des questions sur la Politique, Fabienne, Olivier, vous êtes prêts ?

– On commence par une question facile : il faut reliez les bons maires aux villes qu’ils administrent : Alain Juppé , maire de …« Bordeaux » et Jean Claude Godin maire de …« Marseille » 
Vous avez 1 crédit !

– Une autre question : « vrai ou faux », depuis 1955, Lille n’a jamais basculé à droite… ?
C’est vrai ! Ça fait déjà 2 crédits !

– Toujours sur la politique, on n’a jamais élu autant de maires de plus de 60 ans qu’en 2008 ! Vrai ou faux ?  
C’est vrai ! 3 crédits.

Une dernière question spéciale pour des journalistes : « Un journal n’a pas le droit de prendre position en faveur d’un candidat, est ce  vrai ou faux ? Et bien faux ! ça s’appelle la liberté de la presse, même si déontologiquement, la plupart des journaux se l’interdisent.

O.E : Une fois qu’on a répondu aux questions et qu’on a vu les bonnes réponses, y a t’il un autre enjeu ?

Oui, d’abord plus on a de bonnes réponses au quizz et plus on accumule des crédits. Et à partir du 18 février, vous pourrez parier sur les élections municipales. D’abord sur 15 villes, puis sur 30, puis deux semaines avant le 1er tour… sur les 36 000 communes de France. La mécanique est simple, il faudra être le plus proche possible du résultat final de votre commune. Plus les paris d’un joueur seront proches du résultat des urnes, plus il gagnera des points au classement final.

Après un tirage au sort, vous deviendrez peut être le vainqueur du jeu Municipaly et gagnerez une belle surprise ! 

C’est donc le grand quiz « Municipaly », associé à France Télévision. 

Le mobile film festival – Chronique France Info du 30 janvier 2014

Le Mobile film festival, dont France Inter est partenaire, présenté dans « Histoires connectées » du jeudi 30 janvier 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : En place depuis 9 ans, le mobile film festival est donc revenu. Le principe est simple, les réalisateurs amateurs ou professionnels sont invités à poster un film d’une minute filmé avec leur téléphone portable. 50 films sont alors sélectionnés et tous mis en ligne sur le site du Mobile film festival.

Olivier Emond : On imagine que comme c’est un festival, il y a un prix d’un jury.

C.L : Oui, il y a en fait deux prix, celui du jury présidé par JP Jeunet, le réalisateur de Délicatessen et Amélie Poulain entour d’auteurs, réalisateurs, producteurs et comédiens. Le meilleur film gagne une dotation de 15 000€ apporté par BNP Paribas pour financer son court métrage.

Il y a aussi le prix du public, chacun peut voter pour les films qu’il préfère et contribuer à faire gagner un film dont le réalisateur percevra 3 000€ de dotation financé par ULULE, la plateforme de crowdfunding, c’est à dire de «  financement par dons des gens ». Il faut préciser que le prix du public est encore ouvert aux votes jusqu’au 6 février 2014.

O.E : L’histoire étant très courte, quels genres de films ont donc été sélectionnés cette année ?

C.L : Il y a essentiellement des fictions, dans la veine des courts métrages plus que des vidéos de podcasters ou de webséries que l’on trouve sur Youtube ou Dailymotion. Il y a un peu d’animation, et même une comédie musicale.

O.E : De ces 50 films, on peut dégager des sujets des tendances de sujets traités ?

C.L : Pour être honnête, les films sont plutôt noirs, dans tous les registres des sujets de société à un humour un peu gore ou de gangsters, certains évoquent la peur, d’autres la loose, notamment dans les couples.
Mais il y a des films très touchants comme celui d’un jeune, qu’on voit filmer sa grand mère atteinte d’Alzheimer. Elle s’effraie dans l’ascenceur, en prenant son propre visage pour celui d’une méchante femme, son petit fils lui dit que si elle sourit, le visage d’en face va lui sourire aussi, et comme ça, il réussit à la calmer alors qu’elle se sourit à elle même.

O.E :  Est ce qu’il y a des spécificités à tourner avec un téléphone portable, comme il y en a eu avec une caméra super 8 ou aujourd’hui avec une Go pro ?

C.L : Oui, je crois, le téléphone est une caméra de l’intime, du proche, d’un usage très grand public. C’est la caméra du plan séquence, sans montage. Les films du festival sont évidemment plus réalisés que ce que nous filmons en tant que spectateur de nos vies. Sur un autre sujet, les vidéos prises par le téléphone servent aussi l’information, apportent des témoignages imparables, c’est ce qu’on a vu pendant le printemps arabe notamment, vidéos qui ont souvent été réinjectées dans des JT mais aussi dans des grands documentaires.

Le Mobile film festival est donc encore ouvert aux votes du public sur le site et son application, une bonne façon de voir des nouvelles formes de création audiovisuelle.

 

Fukushima an 3, un webdoc sur l’après Fukushima – Chronique France Info du 23 janvier 2014

FUKUSHIMA AN 3, un grand Format Multimedia diffusé sur le site Lemonde.fr, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 23 janvier 2014, la chronique de Claire Leproust, dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : Présent au Japon pour une interview du grand maître de l’animation Miyazaki, Jérôme Fénoglio, grand reporter au Monde, a voulu retourner 3 ans après le séisme du 11 mars 2011 pour saisir l’après Fukushima. Il en a rapporté un article paru dans le magazine M du week-end dernier et, pour la première fois au Monde.fr, un Grand Format qui se présente comme un article que l’on scrolle de bas en haut sur sa tablette ou son ordinateur, enrichi de photos, de paysages animés, de cartes et de textes.

Olivier Emond : L’édito dans le magazine M commence par cette phrase «  le journalisme est une affaire de temps », comment ce Grand Format « Fukushima an 3 » en est-il une illustration ?

C.L : C’est d’abord tout simplement rare qu’un grand reporter revienne sur le lieu d’un événement passé. En l’occurrence, Jérome Fénoglio a rappelé le même photographe japonais qui l’avait accompagné la première fois et qui lui avait permis de communiquer avec les habitants des lieux les plus touchés par le séisme. Le grand reporter raconte qu’en retrouvant ces mêmes gens, une confiance s’est établie, la parole a pu se libérer, avec moins de réserve et de pudeur. Le temps, c’est aussi celui du lecteur, car ce grand format multimedia fait une trentaine de pages et se regarde et lit plus lentement.

O.E : Les deux journalistes ont donc parcouru les campagnes, les bords de mers, rencontrer des familles disloquées et des habitants. Ils racontent que le traumatisme demeure après ce séisme qui a tué 20 000 habitants et a fait évacuer 600 000 personnes.

C.L : Au nord, là où le tsunami a le plus dévasté la côte, les habitants racontent la peur qui demeure, celle notamment des pêcheurs qui osent à peine l’avouer et ne peuvent plus voir la mer comme avant. A Taro, une muraille de 10 mètres avait pourtant été bâtie, elle n’a pu empêcher la vague même si elle a permis à des habitants d’avoir le temps de se mettre à l’abri. Aujourd’hui, un mur encore plus haut est en construction et les habitants devront être relogés en hauteur sur la colline.

Otsushi, c’est une ville qui a été dévastée par les eaux et par le feu, des victimes n’ont pu être identifiées et le deuil des familles sans rituel funéraire est comme impossible. 

Les journalistes ont aussi retrouvé ce maire élu quelques jours avant le séisme et qui a avait fait preuve d’un héroisme civique alors même qu’il avait perdu sa femme. Aujourd’hui, sa principale obsession est de reloger les habitants, mais tout prend du temps, l’administration est lourde. La plupart des gens sont encore logés dans des maisons vétustes et provisoires. Ils sont souvent séparés de leur famille, de leurs voisins.Tant qu’ils n’auront pas leur nouvelle maison, ils sont comme sans mémoire et empêchés de se reconstruire. Une photo s’arrête sur cette grand mère qui a perdu son mari et ses 3 petites filles, tous pris dans le tsunami alors qu’ils venaient la chercher. En dessous, une photo de cerfs volants et fanions d’un cirque semblent bien dérisoires, mais le clown fait rire les enfants.

O.E : Au sud, plus près de Fukushima et de la centrale nucléaire, c’est un sentiment de colère qui s’exprime chez les habitants.

C.L : Oui, car au début, l’administration a fait s’exiler les populations, pas tout de suite d’ailleurs. Puis tant Tepco, la société d’électricité, que le gouvernement, n’ont cessé de prendre des décisions aléatoires. Des habitants n’arrivent pas à se résigner qu’ils ne reviendront pas dans leur maison. Ils aimeraient au moins que les personnes âgées puissent avoir le droit d’y finir leurs jours. Une image montre ce fermier qui regarde de chez lui, via des webcams, sa maison et son jardin à distance.

O.E : Il y a aussi la peur dûe à l’exposition aux radiations.

C.L : Les journalistes ont retrouvé cette femme devenue militante anti nucléaire, mais elle a transmis une réelle angoisse à son fils. On imagine que des angoisses comme celle ci, il y en a beaucoup.
Le Grand Format se termine sur ces indemnités versées par Tepco à certains habitants comme pour se dédouaner, dédommager et qui engendre une culpabilité, celle de vivre de l’argent de cette société comme une rente de situation mal vécue finalement.

 Le Japon connaît deux à trois fois par siècle ce genre de séismes, les anciens le savent, mais à chaque fois, le drame est profond, le pays reconstruit, la vie reprend, mais 3 ans plus tard c’est encore trop récent.

C’est FUKUSHIMA an 3, le premier Grand Format du Monde.fr, sur tablette et sur le site et l’application du magazine M.

 

« Les expatriés du Sud-Oued à Paris » – Chronique France Info du 16 janvier 2014

« LES EXPATRIES DU SUD-OUEST A PARIS », un webdocumentaire diffusé sur le site Sud-Ouest.fr, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 16 janvier 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : J’ai parlé la semaine dernière du webdoc  « Photo de classe » avec de jeunes écoliers de parents immigrés en quête de leurs origines et aujourd’hui, j’ai choisi de parler de ce webdocumentaire qui lui, donne la parole à ces « immigrés » à l’intérieur de la France, en l’occurrence venus du sud-ouest pour aller vers Paris.

Olivier Emond : C’est un sujet qu’a proposé Marie Deshayes, jeune journaliste de 26 ans du département web du quotidien régional Sud Ouest.

C.L : Après des études de journalisme à Science Po Montpellier et c’est en travaillant à la rédaction du site internet qu’elle a proposé de raconter des histoires d’émigration qu’elle a vécue enfant quand son père a décidé de ramener sa famille de Paris à Pau, sa ville natale. 
Elle a voulu comprendre en allant chercher des témoignages comment ceux qui changent de région et s’adaptent à leur nouveau lieu de vie, comment ils construisent un nouvel équilibre et quel lien ils gardent avec comme on dit  « leur pays », même si c’est en France.

J’ai aussi voulu parler de cette histoire, parce qu’elle permet de saluer le travail personnel de cette jeune journaliste qui a réalisé toute seule ce webdocumentaire, parce qu’elle aime le multimedia, les nouvelles formes d’écriture documentaires et qu’elle l’a réalisé en dehors de ses heures de travail sans compter ses heures pour y arriver. C’est un encouragement pour elle et pour le journalisme sur internet qui peut aussi apporter une vraie richesse éditoriale et pas que du buzz ou du flux de dépêches.

O.E : Après ce plaidoyer… au travers des portraits que le webdoc nous montre, pour quelles raisons ces expatriés du Sud-ouest sont ils venus et se plaisent-ils à Paris ?

C.L : En général, ils sont venus pour le travail, un emploi dans la fonction publique, un poste d’ingénieur ou encore se rapprocher de Paris, qui reste un aimant pour ceux qui évoluent dans l’artistique comme ce joueur de guitare ou cette écrivaine. Tous deux racontent que le désir de venir à Paris est venu de leurs lectures, pour l’une des auteures du XIXème et pour l’autre de magazines de rock.
Parmi les portraits choisis, on sent une satisfaction assez générale d’habiter Paris ou la région parisienne sur le plan du travail , comme avec ce couple de pompiers.
Mais tous parlent aussi des difficultés vécues comme le stress, le manque de temps, le temps des transports et surtout du logement.

S’ils n’ont pas tous envie de revenir vivre dans le sud ouest, ils sont tous unanimes, c’est là-bas qu’ils ont leurs attaches et qu’ ils y reviennent tous très régulièrement. Le personnage qui résume le mieux ce sentiment c’est Fabrice, qui ne peut pas se passer des férias.

O.E: Le webdoc est enrichi d’articles sur la démographie qui confirment que les français ne sont pas des grands mobiles même entre les régions.

C.L : Oui quelques chiffres sont très précis comme celui de l’Insee qui indique que 78% des personnes nées en Aquitaine y vivent toujours, et que 60% qui y vivent y sont nés. La population la plus mobile étant sans surprises : les jeunes, pour leurs études ou un travail.

Un webdoc qui se lie en scrollant, l’écran de bas en haut, et qui invite les internautes expatriés du Sud Ouest à témoigner par écrit. C’est sur le site de SudOuest.fr, « Les expatriés du Sud Ouest » !

« Photo de classe », le webdoc sur la diversité à l’école – Chronique France Info du 26 décembre 2013.

« PHOTO DE CLASSE », un webdocumentaire de TV5 Monde sur la diversité à l’école, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 26 décembre 2013 (REVOIR LA DATE), la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

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La chronique écrite : 

Claire Leproust : « Photo de classe », c’est un joli travail documentaire très frais qui se passe dans une classe de CE2 dans une école du 18 ème arrondissement de Paris où beaucoup d’élèves ont des parents qui ne sont pas nés en France. Pendant l’année scolaire 2012-2013, leur institutrice les a fait travailler sur leurs origines et l’histoire de leur famille.

Au début de l’année, l’institutrice met en place différents ateliers avec les enfants, le premier atelier consiste à raconter d’où chacun vient. On les voit aussi découvrir dans un autre atelier les langues parlées à la maison, chaque enfant devant faire deviner aux autres la signification d’un mot qu’il écrit à la craie sur le tableau noir.

Olivier Emond : Là où ce projet « Photo de Classe » prend vraiment son sens, c’est quand l’institutrice se rend compte que souvent les enfants ne connaissent pas bien l’histoire de leurs parents et pourquoi ils ont immigré en France. 

C.L : Chaque enfant a dû aller interviewer ses propres parents, comme un pro, on voit l’enfant derrière une caméra sur pied, un casque pour le retour du son, les parents assis en face. Par exemple, quand ce petit garçon demande à son papa venu de Guinée pourquoi il n’était pas allé à l’école, son papa lui apprend qu’il était l’aîné et qu’il devait garder le bétail. Une autre petite fille apprend que sa maman a connu la guerre en Iran et qu’elle n’est jamais rentrée de ses vacances en Europe à cause de la République islamique établie en 1979. Une autre mère venue du Portugal évoque elle la honte qu’elle ressentait parce que sa propre mère ne parlait pas bien français et qu’elle n’osait pas dire qu’elle était gardienne.
Et cette belle séquence des retrouvailles à l’aéroport racontée par une maman venue de Moldavie comme son mari.

O.E : Après avoir fait ce travail individuel et collectif avec la classe sur leurs origines, les enfants vont être invités par leur maitresse à discuter du racisme et de l’immigration et là ça donne des séquences savoureuses.

C.L : Oui il y a une scène où l’on voit deux enfants comparer leur couleur de peau, le plus noir des deux disant à l’autre qu’il n’est pas marron mais beige foncé et l’autre lui dit qu’il existe des peaux plus noires que la sienne, comme pour le rassurer. 

Avec cette dernière phrase « c’est pour ça qu’on a inventé le racisme, c’est pour que les humains se détestent sans se manger », on comprend qu’à 8 ans le racisme c’est absurde, qu’à cet âge dit de raison, il y a encore très peu de préjugés.

O.E : Est ce que ce webdocumentaire Photo de classe qui a rencontré beaucoup de succès auprès d’instituteurs et directeurs, pourrait s’étendre à d’autres écoles ?

C.L : Oui, d’abord parce qu’il a une vocation d’éducation dans le savoir-vivre ensemble, il faut rappeler qu’à Paris ou en Seine et Marne par exemple plus de 40 % des enfants ont un parent immigré. Et surtout, ce webdocumentaire a été conçu comme un outil mis gratuitement à la disposition des écoles, il suffit juste de s’inscrire sur le site.

Photodeclasse.org,  le webdocumentaire produit par l’agence Narrative a aussi été parrainé par Liliann Thuram. 

« Le Grand Incendie » – Chronique France Info du 19 Décembre 2013

« LE GRAND INCENDIE», un documentaire intéractif proposé par France Télévisions Nouvelles Ecritures, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 19 décembre 2013 (REVOIR LA DATE), la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info. 

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La chronique écrite : 

Olivier Edmond : Ce matin, on parle d’un sujet difficile avec ce film mis en ligne mardi sur le site de francetv.info puisqu’il est consacré à la mémoire de personnes qui se sont immolées par le feu dans un lieu public.

Claire Leproust : LE GRAND INCENDIE fait partie de ces films qui aborde avec une grande délicatesse 7 cas de suicides par immolation et nous invite à comprendre ce qui est plus que des faits divers. La realité est qu’en France, depuis 2011 une personne s’est immolée par le feu tous les 15 jours.

O.E : Toutes ces personnes se sont immolées dans des lieux publics, et toujours en lien avec une grande souffrance au travail ou lié au chômage, pourquoi Samuel Bollendorf et Olivia Colo, les auteurs, ont ils décidé d’aborder ce sujet ?

C.L : En faisant un parallèle avec l’immolation de Mohamed Bouazzizi en Tunisie qui avait déclenché la révolution tunisienne en 2010, les auteurs se sont interrogés sur le silence de la société française face à ces actes dont la presse a pu parler, mais restés finalement sans suite, comme dans une situation de non dit général. Pourtant ces actes sont tous liés a une grande détresse face au monde du travail, une hierarchie avec laquelle la communication, l écoute, la considération ne sont plus plus possible.

O.E:  Pourquoi les auteurs ont ils décidé de ne parler que d’immolation et non d autres formes de suicides qui pourraient être motivées par les mêmes raisons ?

C.L : Ils évoquent l’immolation sur des lieux publics parceque cette forme de suicide est un ultime acte contestataire, un message adressé aux institutions, à l’entreprise, à la société toute entière , et donc à nous tous.

O.E : Comment se regarde ce film interactif ?

C.L : C’est un film documentaire qui s’écoute plus qu il ne se voit même s’il y a 1 heure de vidéos. On se trouve face à deux paroles qui s’opposent,  deux courbes parallèles qui avancent un peu comme sur un électrocardiogramme . En choisissant la voix des institutions, on peut voir des archives comme la chasse à l’assistanat sous la présidence de Sarkosy,  les difficultés de Pôle Emploi suite a la fusion de l’Anpe et des ASSEDIC, le président de France Télécom Orange expliquant la marche forcée de l entreprise en pleine mutation. Sur l’autre courbe, on s’arrête sur les lieux de chaque immolation, un plan fixe et silencieux, comme une tombe ou l’on viendrait se recueillir, et les témoignages des proches, sans jamais rentrer dans l’intimité et la vie privée de ces personnes.

O.E : Un webdocumentaire grave pour cette fin d’année…

C.L : Oui, j ai hésité mais il faut le voir comme un message pour qu à tous les niveaux on pense un peu plus a écouter ceux qui sont en souffrance, il y a tellement de non dits dans les entreprises. L’emploi comme le non emploi sont des moments importants de la vie.